jeudi 28 mai 2009

La marche lente


Envol



Première marche

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Sur un trottoir blessé
La chasse aux pas du temps
L'envie de voler entre les cuisses du ciel

Sur la toile le geste achevé d'un doigt imprégné d'huile

Comme une marche lente

Chaque pas est un poème
Un battement de lèvres

Les années s'accrochent aux oiseaux

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Des journées sans vertiges
Des années neutres

Dans le temps effrité

Et pourtant
Encore
Parfois la nuit
Je reste debout à regarder la lune

Et le silence

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J'ai en moi tout le temps de ceux qui furent avant moi le temps

lundi 25 mai 2009

Oeuvre discrète


Catherine Lalonde a remporté le 25 mai le prix Emile Nelligan pour son recueil Corps Étranger (Québec Amérique 2008).
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Le temps se glisse
Entre les couleurs de la terre

Il crève les lignes du brun

Une orange liquide ouvre sa plaie

Le geste de l'oeil
Capte le frémissement des racines

vendredi 22 mai 2009

Like a bird on the wire

Like a bird on a wire
Like a drunk in a midnight choir
I have tried in my way to be free.


Vu et entendu hier à Québec Leonard Cohen.
L'homme était d'abord humain.
Et beau, grand,poétique, généreux,vrai.
Un très grand artiste.
Un homme libre.
Enfin autant que faire se peut !

Une soirée magique.

Sans oublier les neuf autres qui l'accompagnaient sur scène...

(Bien loin de la gloire en poudre instantanée d'un starmatuvu-à-la-tivi. Gloriole.Brasser-jeter. Au suivant.)

mardi 19 mai 2009

La ville comme une grande voile


Le pays qui n’existe pas/ Get ar vro n'eus ket anezhi

Je vis çà et là

Éparpillé

Je ne suis ni d'ici / ni d'ailleurs

Dans mon pays de résistance
À chaque pas je meurs / Je meurs

Je suis du Québec, peut être de Catalogne , de Galles, de Bretagne

Le mors au cœur / La peur au ventre
J'existe en flagrant déni d'existence

Quand je suis un
Ils sont soixante
Pour enclaver ma terre
Ma langue

Paroles vieilles
Parfois cassées
Parfois vivantes
Je suis d'oubli
Et d'espérance

Paroles d'hier et de demain
De mille hivers de découvrance
Paroles de terre
De neiges blanches
Je suis d'argoat
De froids blizzards
De fleuve immense

Je suis du Québec, peut être de Catalogne, de Galles, de Bretagne

Et tous ces jours déjà perdus

De survivance en survivance
J'avance dans les mêmes traces
Je vis en songe je bois le feu
De cette marche en cul-de-sac

J'attends que les oiseaux s'aiment jusqu'aux dents
J’attends que s'ouvre grand l'œil de la terre

J'attends les plumes du premier cri
D'un loup des neiges dompteur d'oubliance

Un chant unanime en pleine danse

J'attends à voix haute
La naissance des racines identitaires
Le saumon remontant dans les veines du temps
J'attends la débâcle des silences

Plein la bouche à bout portant
J'attends d'en finir avec l'attente

Je suis cet homme qui me ressemble /Boud e vezan an den a denn din

Je suis Québécois / Boud e vezan Kebekad

J'habite dans un pays qui n'existe pas

Je vis éparpillé

Je ne suis ni d'ici / ni d'ailleurs

Dans mon pays en exil
À chaque pas la mémoire meurt

À chaque pas la mémoire meurt/ E pep paz 'ya ar Memor da get

Je suis du Québec, de Catalogne, de Galles, peut être de Bretagne
Boud on eus Kebek Katalonia Kembre Breizh, piv 'oar


Gabriel Lalonde
Québec
Mars 2007

Extrait du Pays qui n'existe pas/ Get ar vro n'eus ket anezhi aux Éditions les Chemins Bleus (Bretagne), 2009, avec traduction en breton.

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lundi 18 mai 2009

Le temps blanc




Québec 18 mai 2009.

Au réveil 0 celsius.
Dans les montagnes -2.
Ah comme l'été va neiger!

dimanche 17 mai 2009

Petit matin de rouille

lundi 11 mai 2009

Le ciel se perd

L’existence sous scellé

Le souffle arrêté
Devant la toile blanche

Une blessure commence avec la nuit
Une aile de bois

Sous la langue éteinte
Comme un lieu vide

À ne rien comprendre
Des heures qui se répètent

Le ciel se perd
Sur les lèvres du temps

Sous un arbre
Le silence se meut

Derrière une fenêtre
La lumière en contre chant se déchire

L’éternité immobile
Veille

*
Encre sur papier.
Facile! Il suffit de trouver le souffle, l’âme de l’encre.

(Rien à voir avec l'oeuvre ci-haut qui n'est pas une encre sur papier
mais une huile sur carton...et chacun sait que le carton n'a pas d'âme!!)

*

samedi 9 mai 2009

Le geste lent


Le geste lent
Vient de loin

Sur la toile
Libérée de l’attente
Inexacte
La forme d’une forme
Émerge

Comme chaque matin
L'eau sur ta bouche
Respire

*

J'avance à pas de jour dans le temps
Et le temps pas à pas avance en moi

Où va en moi le temps ?

*

Une vie d’aquarium
De poissons sans eau
La terre
Et les yeux des étoiles
Manquent à l'appel

On dirait chaque jour
La fin du monde
Des cris dans la rue
Des cœurs oubliés
Comme des chevaux
Ligotés sur la place publique

L’hostilité des bras chargés
D'inutile

Les passants
Les autos
L’étrangère
Et le zoo solitaire

Tous ces paradis perdus
Abandonnés en petites coupures
Dans une poubelle

La vie mangé
Les yeux en croix

Au bord des lèvres
Le cri noyé

L'indifférence

mardi 5 mai 2009

Ce silence de toi



Ce silence de toi
Où personne ne passe

Dans une lente nuit noire
Des oiseaux blessés trouent le ciel

De cet immense silence qui ne veut pas se taire